I tri volti della paura (Les 3 visages de la peur), Mario Bava, 1963, Italie, France, Royaume-uni
1-Les 10 commandements du
cinéma, d'après Mario Bava ce serait quoi ?
Chef de Gare:
Ton cinéma sera au 9ème art ce que la
haute-couture est au prêt-à-porter de supermarché.
De tous les métiers du cinéma, tu
auras la pratique et la maîtrise parfaite.
Tu ignoreras tout de la laideur.
Tu mépriseras la lumière naturaliste,
tu éclaireras tes plans de mille couleurs.
Beaucoup diront ton nom, mais bien peu
Te connaîtront authentiquement.
Ton rire sera, comme on dit, la
politesse de ton désespoir.
Du plomb, tu feras de l'or.
Incomparables seront tes images,
unique ton style, inimitable ta signature.
Tu inventeras le fantastique italien
moderne, tu inventeras le giallo, tu inventeras le slasher.
Bien peu d'autres mériterons autant que toi
d'être appelés artistes, poètes, magiciens.
Matthias : C’est bon, n’insiste pas, je me suis converti. Et pourtant…
Autant le dire maintenant, je n’ai réussi à voir ce film qu’en version
italienne intégrale. Mais la magie a complètement fonctionné quand même.
2-Si ce film avait 9
vies, il en aurait épuisé combien ?
Chef de Gare: Ce film n'a pas 9 vies, ni 100 ni 1000. Les trois visages de la
peur, comme toute l'oeuvre de Mario Bava est immortel.
Matthias : Pour moi, donc, c’était la première. Et je dois reconnaître que
dès les premières images, on ne parvient plus à se dé-scotcher de ces trois
histoires, même si donc, on n’y comprend pas grand-chose. Comme quoi le
Fantastique, ce n’est pas toujours dans son récit qu’il réside le mieux… Et
puis, avouons-le, c’est en regardant un film comme ces Trois visages qu’on se
dit que, si, le genre a eu ses chefs d’œuvre, dont on retrouve l’écho lorsqu’on
on regarde Lost Highway – parce que là franchement, après un Bava, et bien le
Lynch, il descend un petit peu de son piédestal. La première section, Le
téléphone, avec son trio amoureux vengeur, ses jeunes femmes à l’érotisme
absolu, ces intérieurs presque théâtraux, son suspens qui n’en est pas vraiment
un, même si l’angoisse générée par ce téléphone rouge est tout à fait
authentique, voilà bien une leçon de mise en scène de tout ce qui se fera dans
les trente ou quarante années qui vont suivre… Je trouve aussi que cette
première partie, avec son huis-clos tout à fait assumé – ça fait vraiment très
riche, je trouve, on n’est pas enfermé pour des questions de moyens -
emprunte à une certaine esthétique du théâtre, mais profondément subvertie par
le cinéma : de longues séquences nous montrent Michèle Mercier en train de
bouger, simplement, et l’on sent le plaisir de regarder une actrice dans un
décor, et seulement cela. Il me semble que ce « luxe » d’une certaine vanité
fonctionnelle, on le retrouve parfois plus au théâtre qu’au cinéma.
3- Tu penses qu'il a fait les trois 8,
pour boucler l'affaire ?
Chef de Gare: : Bava était d'une grande élégance, et par là, pas du genre à
montrer qu'il avait mouillé la chemise. Mais il avait la réputation de
travailler très vite, très efficacement parce qu'il avait une maîtrise presque
parfaite de tous les postes techniques d'un film. Comme touts les génies, je
pense qu'il ne cherchait pas, mais trouvait beaucoup.
Matthias : D’après ce que tu dis, l’affaire a donc été rondement menée.
J’imagine qu’on peut aussi imputer cela à un savoir-faire qui était réel en
Italie dans les années 60. Il n’y a probablement pas eu beaucoup d’occurrences
dans l’histoire du cinéma d’une industrie, et d’une vraie industrie, qui a fait
autant sa place aux talents d’artistes et d’artisans et a favorisé leur travail
sans pour autant céder tout au dictats financiers. Peut-être Hong-Kong dans les
années 80 et 90… Pour en revenir au fameux rapport qualité-prix du film de
genre, je pense que l’Italie de ces années-là est exceptionnelle dans la mesure
où elle parvient à tenir l’équilibre entre exigences de rentabilité et
exigences artistiques. Et si tous les films ne sont évidemment pas des chefs
d’œuvre, leurs conditions d’émergence existent alors. Après tout, ce sont aussi
les années Léone dans le registre du Western spaghetti, qui a par ailleurs
donné lieu à un paquet d’œuvres de pure exploitation.
Chef de Gare: L'histoire du cinéma a aussi fait le tri: sur les 600 et quelques
westerns produits en italie, il y a pas mal de film inregardables aujourd'hui.
Cela-dit, le cloisonnement existait beaucoup moins en italie, à la fois dans
les pratiques et dans les têtes: les même techniciens pouvaient travailler pour
Felini, Rosselini, Freda, Leone ou Solima. Après, c'est un âge d'or assez bref,
quand même: 20 ans, à peu près. Toujours selon le schéma sur-production à
partir d'un succès, épuisement du filon, passage à un autre genre. Et puis, et
là, je crois qu'il ne faut pas avoir peur de notre complexe de supériorité,
mais il y a chez les artistes de la génération de Bava une culture des
beaux-arts, de par leur formation, leur métier, même si beaucoup d'acteurs
impliqués dans le monde du cinéma diront, "le cinéma c'est de la merde
!"- ce qui est au fond, une pose- sont des gens cultivés, de cette culture
typiquement européenne, versant latin, faîte, sinon d'une réelle connaissance,
d'un contact avec la peinture, la sculpture, l'architecture... Si tu regardes
par exemple Danger Diabolik, de Bava toujours, tu es stupéfait par les
recherches formelles des décors, des costumes... C'est autre chose que
Barbarella !
4- On finit au 7 ème ciel ou on
l'enterre 6 pieds sous terre ?
Chef de Gare: On commence déjà au
septième ciel ! symboliquement et littéralement. Symboliquement, parce que
c'est Boris Karloff himself, comme disent les base de données sur le cinéma,
qui ouvre le film, et qu'il est maintenant devenu un authentique fantôme. Magie
du cinéma que de nous montrer des morts encore vivants- une symbolique qui
hantera, sans jeux de mots, le cinéma de Bava: qu'est donc la présence de ceux
qu'on croit disparus mais qui sont pourtant là, sous nos yeux, palpables, si
semblables aux vivants sous l'oeil de la caméra. Littéralement aussi, on est au
7ème ciel: derrière Karloff, dans l'introduction, il n'y a qu'un ciel mauve,
couleur tellement typique de Bava, comme dans Le corps et le fouet, qui est un
film entièrement jaune et mauve.
Pour moi, c'est bien une certaine idée
du paradis: Boris Karloff, qui vient nous raconter une histoire de fantôme...
Matthias : Je dirais même plus, on croit ce cinéma mort et
enterré, et non, il est toujours là, c’est bien ça la force du meilleur cinéma,
d’être hors norme, et hors mode – puisqu’il n’y a que la mode qui se démode...
5- Et la 5 ème roue du carosse ?
Chef de Gare: : La cinquième roue du carosse, c'est l'épilogue du film, qui a
été coupé de la version américaine- qui par ailleurs change l'ordre des
histoires, ne me demande pas dans quel but ! Cet épilogue étonnant, mais
typique des jeux de mise en abyme que les cinéastes italiens adorent, montre
Karloff dans son costume de wurdalak, chevauchant, à l'identique d'un des plans
de ce récit. Mais le plan est pris en travelling arrière, qui petit à petit,
révèle tous les trucages de la scène: le cheval se limite à une tête articulée
posée sur une structure à laquelle on imprime un mouvement de balancier, les
feuilles du paysage défilant, donnant l'illusion du mouvement sont des branches
agitées par des assistants qui défilent devant la caméra. Une ironie cruelle
qui a dû paraître aussi incompréhensible que contre-productive au distributeur
états-unien. Aujourd'hui, ça reste un pied de nez magnifique à la sainte
immersion dont on nous rabat les oreilles à longueur d'article. Est-ce que tu
as vu cette scène, dans ta version ?
Matthias : Oui, je l’ai vu, puisque c’est la version italienne
que j’ai vue. Et en effet, ces dernières images sont essentielles. Bava
signifie bien par là qu’il se fout complètement du souci de réalisme. Et ce
n’est donc pas complètement étonnant que les exploitants américains aient voulu
effacer cet aveu. Bien sûr, Hollywood est obsédé par le pseudo-réalisme de ses
représentations, et ça n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui, quand pour
parvenir à leurs fins, les cinéastes américains sont dans leur grande majorité
contraints de se passer de plus en plus du corps des comédiens, de la
matérialité des décors, costumes, jusqu’aux lumières – pour lesquelles, comble
du réalisme, on recrée artificiellement les aberrations visuelles générées par
l’objectif mécanique de la caméra ! – au profit d’un cinéma numérique dont la
réalité est proportionnellement inverse à l’effet de réalisme… Pour revenir à
la question précédente, c’est peut-être aussi avec une certaine mélancolie que
je me délecte d’un tel film, parce qu’il appartient de ce point de vue à une
manière de faire qui n’existe plus – ou tellement peu. Ce qui ne signifie pas
que cela ne reviendra pas : là encore Hong Kong se fichait pas mal du réalisme
de ses cascades ! Cela dit, on a aujourd’hui l’impression que le canon
américain s’est décidément imposé partout dans le monde…
Chef de gare: Mais le paradoxe, c'est que les univers stylisés, les spectateurs
les acceptent encore très bien quand ils jouent à un jeu vidéo, ou quand ils
regardent du Manga. Mais c'est peut-être simplement de l'ordre de la
convention, dans ces domaines. Moi aussi, j'ai une immense nostalgie de ce
cinéma là, même si ce n'est pas du tout le cinéma de notre génération. Je ne
comprends pas du tout la délectation que peuvent avoir certains journalistes et
critiques de notre génération, pour le coup, à défendre ce nouveau cinéma qui
serait l'avenir, fait de performance capture et de fonds verts. Des horreurs
comme Tintin, après lequel Spielberg fait tout de suite Cheval de Guerre, qui
est son opposé. pas sûr que passé le plaisir de jouer avec Tintin, Steven
revienne tellement à ce cinéma là. Pour en revenir à Bava, quoi qu'il fasse, je
suis touché par son cinéma, parce que c'est un cinéma de geste, qui proclame
son artificialité, comme tu le dis, mais aussi la signature de son auteur. Sans
prendre la pose. Simplement en faisant du cinéma, sous la caméra. Mais à
l'époque de Bava, le public premier de ses films s'en foutait complètement.
Déjà, le grand public consommait massivement. J'ai un propos un peu arrogant,
là, mais c'est quant même terrible de se dire que les italiens, et les
européens ont consommé avec déléctation un cinéma populaire souvent
exceptionnel, mais qu'ils l'on aussi regarder mourir sans rien faire. C'est
quand même ce qui s'est passé, non ?
Matthias: Ne crois-tu pas qu'il y a quand même dans ce geste quelque chose
d'un "impérialisme" culturel américain, tout simplement, qui nous
fait admettre ces cinémas alternatifs comme lieu d'expérimentation de la seule
industrie hollywoodienne ? Quand on voit l'aventure des frenchies en
Californie...
Chef de Gare: Elle n'est pas que catastrophique. Mais ceux qui s'en sortent le
mieux, c'est ceux qui ont vraiment choisi de revenir, comme Gans, Siri, ou
Richet. On ne va pas rentrer dans les détails, et je suis en partie d'accord
avec toi, même si le grand pourvoyeur d'"impérialisme" américain, ça
a été la télé, voir chez nous la 5 de Berlusconi, grâce à qui on a eu des
soirées Star Wars et Indiana Jones, alors que ça passait au compte goutte par
ailleurs. L'impérialisme a quand même bon dos: d'abord on choisi les films
qu'on va voir, personne ne te met un pistolet sur la tempe, et un certain
système de co-production, qui permettais l'existence d'un vrai marché européen,
s'est effondré. Est-ce que les américains y sont pour quelque chose ? A
l'époque de Bava, dans les années 60, les cinéma américain triomphait déjà. Il
y avait déjà James Bond ! Mais on avait aussi envie d'autre chose.
en même temps, ça ne me pose pas un vrai problème: je suis assez snob pour aimer l'idée d'adorer quelque chose qui est méprisé par le plus grand nombre. Je pense que je m'interesserais encore au Trône de Fer s'il ne faisait pas la couverture de Télérama. Et en même temps quand dans l'article, ils expliquent que ça n'a rien à voir avec les kitsheries façon "Conan le Barbare", je suis rassuré: on n'est toujours pas dans le même camp. Moi, je serais toujours dans celui de la kitsherie façon Bava.
en même temps, ça ne me pose pas un vrai problème: je suis assez snob pour aimer l'idée d'adorer quelque chose qui est méprisé par le plus grand nombre. Je pense que je m'interesserais encore au Trône de Fer s'il ne faisait pas la couverture de Télérama. Et en même temps quand dans l'article, ils expliquent que ça n'a rien à voir avec les kitsheries façon "Conan le Barbare", je suis rassuré: on n'est toujours pas dans le même camp. Moi, je serais toujours dans celui de la kitsherie façon Bava.
Matthias: Oui, d'accord avec toi sur l'idée de coproduction. D'ailleurs on a célébré
la semaine dernière Chéreau dont La reine margot reste une occurrence de ces
trop rares coproductions européennes. Ah, si ! On a Astérix aux Jeux Olympiques
aussi. Pauvre Europe...
Chef de gare: Et à l'époque de Bava,
il avait aussi de sacré conneries . Dans
le registre du comique qui tâche, les italiens se posent là aussi.
6- Il y va par 4 chemins ?
Chef de Gare: Comme il s'agit d'histoires "à chute", il faut
forcément tourner un peu autour du pot, ménager des fausses-pistes, construire
du suspens en ajournant la venue de la révélation finale. Le film date de 63, à
l'époque déjà, les récits sont très certainement prévisibles pour les
spectateurs, mais y aller par quatre chemin fait précisément partie, dans ce
cas là, du plaisir et de la complicité qui est proposée au spectateur: un peu
au-dessus du récit et des personnages, aux côté du cinéaste narrateur, qui sait
très bien ce qui va se passer. Cette position de surplomb est d'ailleurs assez
typique de Bava, qui peut même être cynique vis-à-vis de ses personnages. Ce
n'est pas vraiment un cinéaste de l'empathie, Mario.
Matthias : les formats courts obligent tout de même à une
résolution rapide des intrigues – même s’il est difficile de parler d’intrigue
pour le dernier morceau. Je trouve cela relativement tenu du point de vue
narratif, et d’ailleurs, le fait que je l’ai vu en VO intégrale ne m’a pas
empêché de comprendre les histoires. L’intérêt du film n’est pas tant dans le
fait de délayer ou non un récit relativement accessoire, et néanmoins tenu
donc, que dans la mise en scène dont il est le prétexte. En tout cas, ce n’est
certes pas ennuyeux – et là on voit la différence entre ces 3 visages et
nos 2 yeux de la semaine passée.
7- Peut-on penser que ça ne casse pas 3
pattes à un canard ?
Chef de Gare: Non. Interdiction. On doit
s'agenouiller devant la grandeur d'un chef d'oeuvre comme les trois visages de la peur.
8- 2 ou 3 choses à ajouter ?
Chef de Gare: Par exemple quelque lignes
à propos de la mise en scène, tout de même, non ?
Les trois segments sont des huis-clos,
à l'exception de quelques extérieurs dans Les Wurdalaks, mais qui n'ont pas
d'autre fonction que d'aérer le récit. Le premier et le dernier se passent dans
des appartements. Et bien Bava ne recourt absolument pas à la même
mise-en-scène dans les deux cas.
Dans le téléphone, il y a vertige
virtuose et dynamique qui ne peut se regarder que comme on regarde le tour
d'unmagicien: tout se déroule sous nos yeux, mais si vite et si
imperceptiblement, que quand le tour est accompli, on n'a rien vu et on peut
juste applaudir, le sourire aux lèvres. Essaye de repérer dans ce segment deux
plans qui ont le même axes, ou même deux cadrages identiques. Presque
impossible. Alors que n'importe quel simple faiseur aurait tourné ça avec deux
axes, deux valeurs de plans, et hop c'est dans la boîte. Il n'y a qu'à regarder
le tout venant dans les studios spécialisé à l'époque, comme la Hammer, pour
que ça saute aux yeux.
Malgré son économie de moyen, Bava va
constamment changer sa caméra de place, avoir recours à tous les régimes de
plan possibles: il y a des travelling, des zoom, des contre-plongées, des
plongées, des gros plans, des plans d'ensemble, mais jamais tu n'as
l'impression de regarder un clip, comme on dirait aujourd'hui, parce que tout
est organisé comme un balet, avec une musicalité exceptionnelle. D'ailleurs,
regarde comment se déplace Michèle Mercier: Bava trouve toujours une raison de
la faire courir d'un bord du cadre à l'autre, et si tu regardes comment elle se
déplace, elle le fait exactement comme une danseuse le faire sur une scène de
balet classique. Et pour cause: arrivée au cinéma par hasard, Michèle Mercier
se destinait d'abord à une carrière de danse classique.
Alors quand on pointe les insuffisance
d'interprétation dans les films de Bava (et c'est souvent justifié) ce regard
qu'il porte sur Michèle Mercier prouve qu'il a sans doute une vision assez
personnelle de ce qu'est l'interprétation d'un personnage. En tous cas, il
semble évident qu'il est plus sensible à la gestuelle ou la grimace théâtrale
que la psychologie stanislavkienne de La Méthode !
Matthias : je te les laisse. C’est vrai que Bava c’est d’abord un artiste au
sens où on l’entend en Europe d’un peintre ou d’un metteur en scène de théâtre
– à la Chéreau par exemple. Et pour ce qui est de ce regard plastique, je
préfère te laisser parler…
Chef de Gare: Puisque tu me donnes ton
temps de parole, j'ajouterais que regarder un film de Bava- il y en tout de
même de meilleurs que d'autres, les années 60 sont son âge d'or- c'est se
rappeler qu'être ému par un film, ce n'est pas forcément être ému par le pathos
des personnages, quel que soit son régime d'expression, ça peut-être aussi,
être bouleversé par une image, et pas forcément sur le monde de l'empathie avec
une situation ou un personnage. Il n'empêche que face à un plan de Bava, je
suis désolé d'employer un terme d'arrière garde, mais on est saisi par la
beauté de ce qu'on regarde, chez moi ça provoque une émotion profonde, et qui
n'a rien "d'intellectuel", je crois. Comme quand l'officiante entre
dans la chambre de la morte, dans La goutte d'eau, et que Bava, avec ses
éclairages orangées, verts, mauves, une simple contre-plongée, transforme
l'endroit en église, et fait du lit une sorte d'autel. Il y a très peu de
cinéaste qui me font cet effet, et qui ont une telle inspiration plastique.
Wong-Kar Wai, évidemment, Argento, mais sa muse l'a quitté... Cocteau.
9- S'il ne devait en rester qu'un
?
Chef de Gare: ça pourrait être Mario, sans hésitation. Que tout le cinéma
fantastique se réduise à Bava et on aura quand même l'essentiel.
Matthias : C’est sûr qu’il vaut mieux Bava que Mary Lambert…Tu serais pas un
peu de parti pris, toi ?
Chef de gare: Pourquoi tu dis ça ?
Matthias : Parce que toi aussi tu es un plasticien.
Chef de gare:... Et naïf: tu ne crois pas que pour être touché par le cinéma de
Bava, il suffit d'avoir des yeux ?
Matthias: Ben si, la preuve, j'ai été touché.
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