Qu'est
ce qui reste à dire après la fin du monde ? Loin d'être une
question métaphysique, c'est l'interrogation très prosaïque à
laquelle les scénaristes de ce troisième volet de la série de 5
films … planet of the apes, se posent. Car Charlton Heston,
reprenant à contrecœur son rôle de Taylor, ne veut pas que le
film inaugural se dilue dans des séquelles. Il soutient donc
vivement la conclusion finalement retenue pour le second film- une
autre a été imaginée- qui montre la destruction de la terre, dans
un éclair blanc très bref, sur lequel s'incrit le carton final
« The End ». La fin. Vraiment ?
Recours
science-fictionnel pratique et excitant, le voyage dans le temps
permet de relancer la machine. C'est un singe nommé Milo qui va
redémarrer l'intrigue en redémarrant la navette abandonné par
Taylor et ces compagnons, à bord de laquelle il embarque avec
Cornelius et Zira, les attachants chimpanzés humanistes.
Destination : le passé.
L'ouverture
du film rejoue donc, à l'inverse, celle du film original. Une
navette s'écrase sur une planète indéterminée. Nous sommes vite
fixés : c'est la terre, ou mieux, l'Amérique puisque des
militaires tout étoilés accueillent les cosmonautes. Ceux-ci
retirent leurs casques... surprise : ce sont nos singes.
3
singes, perdus sur la planète des hommes, comme les 3 hommes du
récit inaugural perdus sur la planète des singes. Va-t-on suivre un
remake en miroir du premier film ? Non, la suite du récit prend
la tangente : Les évadés ... relève plus de la comédie
de mœurs et de la satire sociale que du film d'aventures
allégorique. Et pour peu qu'on accepte de sauter dans le train en
marche, le changement, bien qu'incongru est heureux. Les premières
scènes, pour convenues qu'elles soient, ont le mérite de la
concision : on assiste à la capture à mi-mots des chimpanzés,
retenu « pour analyse » dans un Zoo. Ces derniers s'en
plaignent d'autant moins qu'ils ont décidé de se taire, redoutant
d'effrayer les hommes. Une des nombreuses conventions qu'il faut
accepter : l'aspect seul des singes est la preuve de leur
évolution supérieure et devrait mettre la puce à l'oreille des
autorités. Mais la convention, c'est aussi le propre du genre, et
les spectateurs suivent avec plaisir les inévitables séances
d'analyse des singes par des scientifiques
blouses-blanches-sourcils-froncés, complices de la malice des
singes, puisque nous savons ce que les savant ignorent encore.
Encombrés par l'inutile personnage de Milo- le pilote de la navette-
les scénaristes le font disparaître un peu arbitrairement entre les
pattes d'un gorille, mais l'épisode sert aussi d'avertissement, et
réactive la fibre anxiogène de la série : si le ton est à
la comédie, tout peut basculer dans la violence animale, à tout
moment. Évidemment, la noire ironie présente depuis le film
original claque dans le final : ce sont les hommes qui
déchaîneront la violence la plus bestiale, et non plus les singes.
Entre-temps,
les chimpanzés ont parlé et on aura vu Zira devenir une pasionaria
féministe, mais s'adonner aux joies du lèche-vitrine (dans une
scène périfigurant la célèbre razzia de Pretty Woman!), et les
hommes du président s'accorder sur la nécessité d'éliminer les
singes, Zira étant enceinte. La possibilité d'une prolifération de
singes parlants leur semblant une menace trop grande pour l'humanité
entière. Comme souvent dans les cinq films, le sort du l'humanité
est traité à un niveau symbolique : une ville (New York,
Central City peut importe ) valant pour le monde, un cercle restreint
d'individus (le président, ou plus tard le gouverneur ) incarnant
toutes les instances dirigeantes et représentatives, un lieu clos
sur lui-même, enfin, représentant le siège de tout pouvoir
humain : un bureau ovale, un bunker, une place... Certainement
dictée d'abord par les contraintes budgétaires- les films sont de
petites productions- ce choix accentue la portée édifiante des
films et, sans en avoir les moyens financiers, inscrit la série dans
la glorieuse galerie des grands fils d'anticipation des années 70.
Soucieux
de respecter ses propres règles, les producteurs cherchent une fin à
la fois saisissante et permettant une pirouette. Ils y réussissent :
on est stupéfait de voir Zira, Cornelius et leur bébé Milo décimés
à bord d'un cargo, lors d'une fusillade fort ambiguë : si l'on
est choqué de voir un des dirigeants humains abattre de sang-froid
un nourrisson- fut-il chimpanzé (!), ne fait-il pas le sale travail
indispensable à la survie de l'humanité, lorsqu'on sait ce qui doit
advenir dans le futur.
Pirouette
finale et ironique : un philanthrope administrateur de
cirque, Armando (Ricardo Montalban, tout en cabotinage sentencieux )
a intervertit un chimpanzé de son cirque et Milo, sauvant la vie de
ce dernier. Et forcément, c'est cet acte d'amour qui va précipiter
la chute de l'humanité.
Dans une
pure logique feuilletonesque, et même si on commence à se gratter
un peu la tête devant les incohérences inévitables dues au
paradoxe temporel cher à Marty Mc Fly, le film réponds à quelques
questions (mais comment les singes ont-il appris à parler si vite ?
D'où viennent ces singes si évolués en seulement 2000 ans?) mais
laisse la porte ouverte pour la suite : comment les singes-
quelque peu en sous-effectifs à la fin de cet épisode- vont-il
prendre le contrôle de la planète ?
La
réponse dans La conquête de la planète des singes !
J'ai pleuré comme une madeleine la première fois que j'ai vu ce film. Et j'adore la musique de Goldsmith !
RépondreSupprimerC'est vraiment trop injuste hein, quand ils tuent le petit singe ?
RépondreSupprimerExcellente musique de Jerry oui, dans un style funky bien de son temps et un poil décalé sur les images, mais ça fait bien taper de la semelle comme il faut, alors...