samedi 25 août 2012

51- Les évadés de la planète des singes (Escape from planet of the apes) - Don Taylor- USA- 1971



Qu'est ce qui reste à dire après la fin du monde ? Loin d'être une question métaphysique, c'est l'interrogation très prosaïque à laquelle les scénaristes de ce troisième volet de la série de 5 films … planet of the apes, se posent. Car Charlton Heston, reprenant à contrecœur son rôle de Taylor, ne veut pas que le film inaugural se dilue dans des séquelles. Il soutient donc vivement la conclusion finalement retenue pour le second film- une autre a été imaginée- qui montre la destruction de la terre, dans un éclair blanc très bref, sur lequel s'incrit le carton final « The End ». La fin. Vraiment ?

Recours science-fictionnel pratique et excitant, le voyage dans le temps permet de relancer la machine. C'est un singe nommé Milo qui va redémarrer l'intrigue en redémarrant la navette abandonné par Taylor et ces compagnons, à bord de laquelle il embarque avec Cornelius et Zira, les attachants chimpanzés humanistes. Destination : le passé.

L'ouverture du film rejoue donc, à l'inverse, celle du film original. Une navette s'écrase sur une planète indéterminée. Nous sommes vite fixés : c'est la terre, ou mieux, l'Amérique puisque des militaires tout étoilés accueillent les cosmonautes. Ceux-ci retirent leurs casques... surprise : ce sont nos singes.

3 singes, perdus sur la planète des hommes, comme les 3 hommes du récit inaugural perdus sur la planète des singes. Va-t-on suivre un remake en miroir du premier film ? Non, la suite du récit prend la tangente : Les évadés ... relève plus de la comédie de mœurs et de la satire sociale que du film d'aventures allégorique. Et pour peu qu'on accepte de sauter dans le train en marche, le changement, bien qu'incongru est heureux. Les premières scènes, pour convenues qu'elles soient, ont le mérite de la concision : on assiste à la capture à mi-mots des chimpanzés, retenu « pour analyse » dans un Zoo. Ces derniers s'en plaignent d'autant moins qu'ils ont décidé de se taire, redoutant d'effrayer les hommes. Une des nombreuses conventions qu'il faut accepter : l'aspect seul des singes est la preuve de leur évolution supérieure et devrait mettre la puce à l'oreille des autorités. Mais la convention, c'est aussi le propre du genre, et les spectateurs suivent avec plaisir les inévitables séances d'analyse des singes par des scientifiques blouses-blanches-sourcils-froncés, complices de la malice des singes, puisque nous savons ce que les savant ignorent encore. Encombrés par l'inutile personnage de Milo- le pilote de la navette- les scénaristes le font disparaître un peu arbitrairement entre les pattes d'un gorille, mais l'épisode sert aussi d'avertissement, et réactive la fibre anxiogène de la série : si le ton est à la comédie, tout peut basculer dans la violence animale, à tout moment. Évidemment, la noire ironie présente depuis le film original claque dans le final : ce sont les hommes qui déchaîneront la violence la plus bestiale, et non plus les singes.

Entre-temps, les chimpanzés ont parlé et on aura vu Zira devenir une pasionaria féministe, mais s'adonner aux joies du lèche-vitrine (dans une scène périfigurant la célèbre razzia de Pretty Woman!), et les hommes du président s'accorder sur la nécessité d'éliminer les singes, Zira étant enceinte. La possibilité d'une prolifération de singes parlants leur semblant une menace trop grande pour l'humanité entière. Comme souvent dans les cinq films, le sort du l'humanité est traité à un niveau symbolique : une ville (New York, Central City peut importe ) valant pour le monde, un cercle restreint d'individus (le président, ou plus tard le gouverneur ) incarnant toutes les instances dirigeantes et représentatives, un lieu clos sur lui-même, enfin, représentant le siège de tout pouvoir humain : un bureau ovale, un bunker, une place... Certainement dictée d'abord par les contraintes budgétaires- les films sont de petites productions- ce choix accentue la portée édifiante des films et, sans en avoir les moyens financiers, inscrit la série dans la glorieuse galerie des grands fils d'anticipation des années 70.

Soucieux de respecter ses propres règles, les producteurs cherchent une fin à la fois saisissante et permettant une pirouette. Ils y réussissent : on est stupéfait de voir Zira, Cornelius et leur bébé Milo décimés à bord d'un cargo, lors d'une fusillade fort ambiguë : si l'on est choqué de voir un des dirigeants humains abattre de sang-froid un nourrisson- fut-il chimpanzé (!), ne fait-il pas le sale travail indispensable à la survie de l'humanité, lorsqu'on sait ce qui doit advenir dans le futur.

Pirouette finale et ironique : un philanthrope administrateur de cirque, Armando (Ricardo Montalban, tout en cabotinage sentencieux ) a intervertit un chimpanzé de son cirque et Milo, sauvant la vie de ce dernier. Et forcément, c'est cet acte d'amour qui va précipiter la chute de l'humanité.

Dans une pure logique feuilletonesque, et même si on commence à se gratter un peu la tête devant les incohérences inévitables dues au paradoxe temporel cher à Marty Mc Fly, le film réponds à quelques questions (mais comment les singes ont-il appris à parler si vite ? D'où viennent ces singes si évolués en seulement 2000 ans?) mais laisse la porte ouverte pour la suite : comment les singes- quelque peu en sous-effectifs à la fin de cet épisode- vont-il prendre le contrôle de la planète ?

La réponse dans La conquête de la planète des singes !

2 commentaires:

  1. J'ai pleuré comme une madeleine la première fois que j'ai vu ce film. Et j'adore la musique de Goldsmith !

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  2. C'est vraiment trop injuste hein, quand ils tuent le petit singe ?
    Excellente musique de Jerry oui, dans un style funky bien de son temps et un poil décalé sur les images, mais ça fait bien taper de la semelle comme il faut, alors...

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