3/10: Captain America, le soldat de l'hiver- Anthony et Joe Russo, U.S.A, sorti le 26 mars 2014.
Vit-on les débuts d'un nouvel âge des studios ? Respectivement
dirigé par Thomas Tull et Kevin Feige, Legendary Pictures, et Marvel Studio ont
construit en moins de dix ans une image de marque forte, une formule
reconductible et au succès renouvelé, qui dans le cas de Marvel replace le
metteur en scène dans un rôle dont la critique l'avait péniblement sorti à
l'orée des années 50: un simple technicien au service d'un produit entièrement
calibré par le producteur tout-puissant.
On attend encore que la formule s'enraye pour de bon, avec
un mauvais sourire, mais le public, à chaque film est au rendez-vous et
plébiscite la vision médiocre de Kevin Feige. Que TOUS les films tournés après
les Avengers se terminent par une bagarre générale impliquant un appareil
volant géant s'écrasant sur une grande métropole semble presque tenir du
mauvais gag. Et pourtant, le dernier machin en date, rigoureusement usiné sur
le même moule remporte la mise de l'année. Avant les Gardiens de la Galaxie,
c'est au Captain America que revenait cette année le créneau du premier
semestre.
Pas spécialement incompétents, les yes-men sur le coup (les
frères Russo) emballe la photocopie de tout ce qui a précédé, en allant un peu
braconner sur les terres du Christopher Nolan des Dark Knight, ce qui ne
devrait pas, selon les calculs, faire
baisser les entrées, vu la popularités des films avec Christian Bale. Discours
promo bien rôdé, il s'agit pour les réalisateurs, à chaque nouveau film, de
faire mine d'avoir des références un
poil arty, et de nous faire croire qu'avec eux, la vache, le studio
prend quand même le risque du siècle. Ah ah. ici c'est le polar conspirationiste
seventies qui est brandi, le pauvre qui n'en demandait pas temps depuis 20 ans.
Pour ceux qui ne voit pas très bien de quoi on parle, on nous ressort du
placard le branlant Redford, cette fois dans le rôle du manipulateur, et pas du
manipulé... vous saisissez l'ambition du message politique ?
Evidemment, tout ça c'est du flan, de la poudre au yeux, de
la bonne flûte qui a aussi son efficacité, puisqu'il se trouve des journalistes
pour relayer la réussite de la chose, et le courage de la charge anti-NSA,
politique sécuritaire américaine, et de la diplomatie américaine en crise.
Mazette... on parle quand même d'un film dans lequel la clef USB contenant tout
les secrets de la CIA locale (Le SHIELD) est planquée par le héros dans un
distributeur de confiserie. Au moyen d'une ellipse nous demandant bien fort de
ne pas essayer de comprendre comment il s'y prend d'ailleurs. Quand , quelques
minutes plus loin, il suffit à l'héroïne et au Captain de simuler un baiser
passionné pour dissimuler leur visages à des poursuivants qui passe à 5 mètres
d'eux, ET QU'ILS Y PARVIENNENT, on aura saisi que la référence des frères Russo
c'est peut-être plutôt Zucker et Abrahams que Pakula ou Frankenheimer.
Sinon, dans ce truc manichéen, puéril et moche à pleurer, il
y a de bonnes bastons, à mains nues, et une musique dégueulasse.
Oubliez Pakula et Lumett, la vraie référence des frères Russo, c'est ça.
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